
À l’ère des Google Translate, Deep L, Linguee et autres outils de traduction automatique offerts gratuitement sur le Web, on est en droit de se demander si le recours à des traductrices et traducteurs en chair et en os est encore pertinent. Je suis certain que vous avez déjà testé ces outils et avez été impressionnés par la vitesse d’exécution et le résultat.
J’avoue que j’en ai moi‑même utilisé un pour avoir une idée de ce que racontait la page d’accueil du site unilingue russe du Musée du pain de Saint‑Pétersbourg – à une époque où l’on pouvait planifier des voyages en étant certain de les faire, mais ça, c’est une autre histoire… J’ai à peu près compris ce que présentait le musée, ce qui était suffisant pour moi. Et je suis bien conscient qu’il existe d’autres situations dans la vie courante où l’on peut se contenter d’approximations.
Mais pas dans le domaine des affaires.
Les affaires reposent sur une série de codes aussi stricts qu’implicites. Les entreprises n’ouvrent pas autour de 9 heures, leurs produits et services ne valent pas environ xx dollars, elles ne se situent pas à peu près dans tel ou tel secteur. Leurs communications ne font pas exception, elles doivent être claires. Le fait est que malgré tous les progrès de l’intelligence artificielle, ce sont encore les humains qui conçoivent et traduisent les messages les plus intelligibles.
Vous pensez peut‑être que je prêche pour ma paroisse. Après tout, je suis un professionnel de la traduction et j’ai fondé une entreprise de services de traduction qui est aujourd’hui un leader au Canada. Mais je ne suis pas le seul à faire davantage confiance aux êtres humains. Selon un sondage réalisé auprès de 2 868 entreprises par Slator (une agence de recherche spécialisée dans le secteur de la traduction), plus leurs communications sont importantes (contrat, négociation, vente et marketing), plus elles cherchent à faire affaire avec leur partenaire de traduction. Dans ce cas, elles voient la traduction non pas comme une dépense, mais bien comme un investissement.
Elles ont raison. Le fait de recourir à des services de traduction professionnels leur garantit un travail de qualité et favorise leur image. Une entreprise qui part à la conquête de nouveaux marchés et qui se donne la peine de communiquer sans ambiguïté dans la langue des clients qu’elle vise ne peut que se tailler une bonne réputation.
La valeur ajoutée de la traduction humaine
C’est bien beau tout cela, me direz‑vous, mais compte tenu des avancées technologiques, les machines produiront tôt ou tard des traductions d’aussi bonne qualité que les humains. Je vous répondrai que ça dépend de la façon dont on conçoit la traduction. Comme je m’y connais un peu, je me permets de vous présenter la mienne.
D’abord, on ne traduit pas des mots – ce serait tellement facile – mais bien des idées. Et comme chaque langue exprime les siennes à sa manière, leur traduction implique la plupart du temps une reformulation, une réécriture, où l’on tient compte du contexte de la communication, de la culture de ceux à qui s’adresse le message, de l’impact souhaité, etc. En réalité, la traduction fait constamment appel à des compétences de rédaction. Cela peut sembler une évidence pour certains, mais à l’ère technophile qui est la nôtre, plusieurs ont tendance à assimiler la traduction à une simple technique qu’on acquiert une fois pour toutes et qu’on répète au fil des textes. Ce n’est pas du tout le cas. La traduction, comme la rédaction, doit toujours se réinventer.
Tout cela pour vous dire que les machines ne sont pas près de remplacer cette partie essentielle de la traduction qui fait appel à la rédaction ou, si on veut, à la créativité – la véritable valeur ajoutée de la traduction humaine. Encore une fois, je ne suis pas le seul à le penser. De nombreuses entreprises spécialisées en ressources humaines (entre autres, Workopolis, Medium, Vanna et McKinsey, citée dans Investopedia) estiment que les métiers de rédaction ont peu de risques d’être automatisés.
Pour terminer, je vous présenterai trois exemples concrets de la valeur ajoutée de la traduction humaine. Ce sont autant de pièges dans lesquels les outils de traduction automatique peuvent vous faire tomber et que votre partenaire de traduction vous permettra d’éviter.
- Une traduction mot à mot. La machine ne connaît pas le contexte de la communication, ne lit pas entre les lignes des messages non limpides, ne saisit pas toujours la différence entre le sens propre et le sens figuré, et ne distingue pas les erreurs. Elle ne comprendra donc pas qu’il y a une coquille dans le passage « one of the fasting growing pharmaceutical companies in Canada », qu’elle rendra par « l’une des sociétés pharmaceutiques croissantes à jeun au Canada ». Elle proposera également « Il a regardé l’image de la santé », traduction littérale erronée de « He looked the picture of health », là où il aurait fallu dire « Il respirait la santé », « Il se portait comme un charme » ou encore « Il avait l’air en grande forme », selon le niveau de langage souhaité.
- Une traduction mal adaptée au public visé. Un terme désuet dans un texte publicitaire ou promotionnel s’adressant à un jeune public, ou un niveau de langue peu soutenu dans une communication officielle pourraient grandement nuire à la marque et à son image.
- Une terminologie inexacte. Les entreprises ont chacune leur façon de désigner leurs postes, leurs services, leurs produits, etc. Quand vient le temps de les rendre dans une autre langue, il n’y a certainement pas de place pour l’improvisation. Les données terminologiques, lexiques et glossaires multilingues sont des outils évolutifs très précieux dont la création prend du temps, de la réflexion et des connaissances spécialisées que les outils de traduction automatique n’ont tout simplement pas.
J’espère vous avoir aidé à mieux connaître les meilleures pratiques de la profession.